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L'histoire de notre voyage à bord du Cachalot (Martinique/Tahiti - Septembre 2013/Avril 2014) puis sur Tere Moana (Transat - Janvier/février 2020)

18 Mar

Enfin aux Marquises !

Enfin, nous sommes arrivés à Hiva Oa !

3066 miles de parcourus en très exactement 25 jours, 1 heure et 54 minutes, en ayant capeyer avant l'arrivée 9 heures pile (et sans aide du volvo!) .

Quelques grains, une tempête, mais surtout beaucoup de soleil. Du vent, même fort, par moment mais pas tout le temps. Non, clairement, pas tout le temps. De longues heures d'attente. De courtes nuits.

Un départ sans doute trop tôt dans la saison pour la trans-pacifique qui explique des alizés peu établis.

Un poisson de pêché et beaucoup de leurres de perdus. Deux poissons si on compte un poisson mort-vivant immangeable.

Toutefois, beaucoup de bonne popotes à bord.

Pas mal de pannes en tout genre (moteur, pilote, régul, batteries...).

C'est sans soute la dernière grande traversée du Baiser du Cachalot mais ce bon vieux rafiot nous aura menés sains et saufs à bon port.

Il a le droit à sa retraite sur l'une des îles d'Enua Enanaa, « la terre des hommes ».

Nous nous remettons difficilement : malaises, maux de ventre, fatigue... Ah, on est pas beau à voir mais on va s'en remettre.

JOURNAL DE BORD

Dimanche 16 février 2014 – Zéro miles

Depuis hier 15 février, ZERO mile ! Le départ était prévu à 16 heures maxi mais au moment de lancer le moteur : rien. Début du diagnostic : une petite bulle d'air ? un problème d'injecteur du à un carburant défectueux ? Quelques minutes plus tard, Joël arrive à bord prêter main forte. Faux départ.

Du 17 au 18 février – Cours de mécanique inopinés

Les derniers jours ont été dévolus à la recherche de la panne. Finalement, après nettoyage des injecteurs, « vidange » du cylindre, changement des filtres et purge, verdict : la pompe d'alimentation du moteur n'est plus étanche. Elle laisse entrer de l'air dans le circuit. Impossible d'envisager un traitement curatif sur place. En palliatif, on court-circuite la pompe. Le moteur sera alimenté en direct depuis un bidon placé dans la cabine navigateur.

Derniers repas -un « pollo a la 'grassa'» à défaut de « pollo a la plancha » - et dernières petites courses : nous sommes enfin prêts.

Mercredi 19 février, 10H – Enfin on lève l'ancre

A 10 heures ce matin, on lève l'ancre. Petit tour de Bigoudi VI. Cap sur Five Fingers, le rocher à la sortie du port. Dernières otaries. Derniers pequeros patas azules. Puis, empannage au 250°. Vent de sud à 10/12 nœuds. On progresse depuis à 5,5 nœuds de moyenne.

Jeudi 20 février – Après un premier jour de navigation

En 24 heures, 136 miles de parcouru à une vitesse de 5,8 nœuds en moyenne. Plutôt super lorsqu'on sait que le vent a molli. Il souffle peut-être maximum à 5 nœuds mais un fort courant nous suffit. Les premiers quarts son difficiles : c'est la reprise. On rate un poisson ce matin. Le pilote automatique montre de graves signes de faiblesse dus à sa vétusté (le moteur se grippe...). Décidément ces temps ci, entre le volvo, le transformateur en 220V et maintenant notre pilote, les moteurs ne nous réussissent pas. Enfin, heureusement, on a les voiles, le beau temps, ce courant bienvenu et une mer d'huile.

Vendredi 21 février – Dans la pétole

110 miles depuis hier. Nous naviguons au 250° mais le vent a encore faibli. C'est à peine si une petite brise réussit à maintenir notre cap. Le pilote est inutilisable ; on repousse le moment où il faudra mettre le moteur. Comme disait Gert (un de nos handliners sur le canal) : « we are sailing, we are waiting ».

Secrètement, on espère arrivé en une vingtaine de jours. Le 19 jours et 23 heures, nous demanderait une vitesse moyenne de 6,3 nœuds... mais il faut du vent !

Samedi 22 février – Pannes et pétole

90 miles depuis hier. On en profite pour faire des partie d'échec. Un beau thon pêché ce matin. Puis, dans l'après-midi, on tente de mettre un peu le moteur. Rapidement, il chauffe. Son état est pire qu'on ne l'imaginait. Puis, encore une panne : un bout de la bôme sort littéralement de son emplacement. Une pièce du vît du mulet mais celle qu'on voulait remplacer. Heureusement, le vent étant quasiment absent, Wil peut réparer.

Décidément, c'est la catastrophe sur le plan matériel depuis notre départ. On se voit arriver comme Jack Sparrow dans Pirates des Caraïbes : au moment où on posera le pieds aux Marquises, le bateau coulera...

On dérive gentiment vers notre point d'arrivée. Toujours pas de vent. On poursuit au 260°. Vers, le Sud, où on devrait trouver l’alizé.

Dimanche 23 février – Orages

Encore 90 miles sur les dernières 24H. Quelques orages nous apportent un peu de vent. Le temps change : ce n'est pas l'alizé mais c’est déjà çà. On devrait commencer à faire de la voile. On va fêter çà avec une bouteille de vin. Une offrande à Éole.

Lundi 24 février – Enfin le vent

Aujourd'hui, c'est l'anniversaire de Fred : joyeux anniversaire Frérot.

139 miles depuis hier. Enfin une moyenne honorable, 5,8 nœuds. On navigue grand large.

Nous retrouvons notre petite vie à bord. Je démarre ma journée à 3H, attaque la confection du pain vers 5H (changement de recette, maintenant c'est celle de Cathy, plus rapide et encore meilleure) pour finaliser la cuisson vers 8H. Wil se lève un peu avant 9H. On prend le petit-déjeuner, puis je vais me coucher jusqu'à 12H. Entre temps, il reste sur le qui-vive, scrutant la canne à pêche dont le leurre est mis à l'eau dès le levé du soleil. Un peu de bricolage préventif puis à 10H, il prend note des miles parcourus sur les dernières 24H. Vers 12H30, on prépare le repas, on papote et on inverse les rôles. Wil part faire une sieste jusqu'à 16H. Je lis, veille sur la canne, me douche à l'eau de mer dès que le soleil se fait un peu moins fort et comble du luxe, me rince à l'eau douce. Tous les deux jours, je retourne mes œufs. Je vérifie aussi l'état des légumes. Le bateau, lui, avance paisiblement. De temps à autre, on ajuste son cap, ses voiles. Vers 16H30, petit goûter. Puis, pour moi, cours d'espagnol (sait-on jamais que quelqu'un parlerait espagnol aux Marquises). Préparation du repas du soir. Petite partie d'échec. Apéro. Repas. Série (en ce moment, the walking dead). Je me couche à 9H. Wil attendra 3H du matin.

Et, bien entendu, on prend note des longitudes qui défilent : on recule d'une heure chaque étape de notre programme toutes les semaines.

Ce petit train-train nous va bien. Charles et Caroline dans la Petite maison dans la prairie- sauf qu'on est sur l'eau- et avec ses péripéties journalières : aujourd'hui un fusible a sauté, nous laissant penser un instant qu'on finirait le voyage sans courant (soit plus de VHF, plus de GPS, plus de feux de route...). Enfin, au final, plus de peur que de mal parce que ça finit toujours bien dans la Petite maison dans la prairie.

Mardi 25, Mercredi 26, Jeudi 27 février – On avance...

On vient de passer les « mille miles ». Sur les trois derniers jours, 166, 174 et 159 miles de parcourus, soit une moyenne de 6,9 nœuds. Le vent est toujours sud ; l'alizé se fait attendre. Plus que 2000 miles !

Toujours pas de poissons au bout de notre hameçon mais on ne meurt pas de faim : cassoulet, bœuf carotte, salades, soupes... la cambuse est encore pleine. Notre train-train quotidien se poursuit à ceci près que nous allons trop vite pour jouer aux échecs : les pièces ne tiennent pas en place.

Vendredi 28 février et samedi 1er mars – Toujours au grand large

On avance mais secoués dans tous les sens. On se croirait dans une machine à laver. Hier j'ai été emportée par la cocotte-minute et projetée sur la table à carte. Ce matin, le vent passe un peu à l'Est, on tente de mettre le bateau en ciseau mais c'est raté. On doit rester au grand large. Enfin, ce seront tout de même 152 et 150 miles de gagnés.

Dimanche 2 mars – C'est long...

La situation vient de changer du tout au tout, le bateau a mis un gros coup de frein.

Et, sachez que ceux qui osent dire qu'ils ne voient pas le temps passé sur l'eau, mentent ! Bon, la taille de notre bateau, son manque de confort (plus de moteur, plus de pilote, pas de radar ou d'AIS, de l'énergie limitée) et le roulis doivent jouer aussi. C'est pour toutes ces raisons que, sur le Baiser du Cachalot, parfois, il faut le dire, le temps est long. Les journées sont ponctuées par les repas et les aller-retours incessants pour repositionner le régulateur d'allure et nos sommeils coupés. Qu'est ce qu'on donnerait pour pouvoir dormir une nuit entière, se dégourdir les jambes, prendre une douche chaude, regarder un film...

123 miles hier. On fête le passage des 1500 miles, la moitié du trajet : vin blanc (qui sera transformé en rosé une fois qu'on se sera rendu compte que la bouteille contenait le rhum vieux de Pedro, de Cuba) et tartiflette (de bidasse).

A chaque étoile filante, on souhaite le retour du vent qui accélère aussi le temps.

Lundi 3, mardi 4 et mercredi 5 mars – C'EST LONG, TRES LONG !

Sur les derniers jours, 121, 124 et 105 miles... et actuellement on dérive littéralement à 3 nœuds, style avec un radeau et des pagaies on irait plus vite.

Bref, à ce rythme là, on arriverait à partir d'aujourd'hui dans 15 jours !

Le Pacifique est un lac. Il n'y a pas de vent (moins de 5 nœuds), pas d'air (on suffoque). Traversée du désert version aquatique. Les types qui ont fait les prévisions météo étaient visiblement sous psychotropes. L'alizé doit être un mythe.

Et, pour rien arranger, on vient de se rendre compte que notre régulateur d'allure est à moitié cassé. Il ne fonctionne que pour abattre lorsque le vent est bâbord amure, le bateau lofe alors tout seul. Une fois tribord amure, rien de va.

Pour faire le bilan à mi-parcours : un moteur qui peut fonctionner grand max une demie heure avant de chauffer, un pilote automatique HS, un régulateur à moitié cassé, une VHF qui montre de gros signes de faiblesse (si on la laisse allumer, elle vide les batteries)... Toujours cette image d'arrivée à la Jack Sparrow.

On vit une épreuve de patience, voire une épreuve tout court.

Pour remonter le moral de l'équipage, j'ai suivi le conseil de Marie-Antoinette : j'ai fait de la brioche... Une fois mangée, il fallait se rendre à l'évidence, la situation était la même. On attend en lisant (bientôt la rupture de stock sur les bouquins), en jouant aux échecs, en briquant le bateau. S'il finit épave, ce sera une épave propre.

Jeudi 6 vendredi et 7 mars – 'Poisson' de mauvaise augure

Sur les deux derniers jours, pas de changement : c'est toujours la pétole. On avance tant bien que mal en zigzagant au portant, les voiles en ciseaux, avec un régulateur qui régule peu pour enregistrer 97 et 88 miles.

Hier, après un repas indien le midi (on travaille à nos réserve de graisse en cas de souci), un poisson mort. Une fois sorti de l'eau, le petit thon (en gros 25 cm) frétille vigoureusement mais présente de graves blessures. Visiblement, il a été attaqué : une morsure au niveau des branchies de 5 bons centimètres de diamètre et d'une profondeur d'au moins 1, 5 cm, de la chair arrachée sur 5 cm également au niveau de la queue. On voit bien l'arrête dorsale. C'est comme s'il était déchiqueté mais sur un côté uniquement. On décide de le manger quand même, pensant qu'il a dû être pourchassé récemment. Au moment de le vider, ses entrailles sont pleines de vers. Notre petit thon est un mort-vivant. D'aucuns y verraient un signe de mauvaise augure...

Samedi 8 mars – Apparition de cumulus

Aujourd'hui, c'est mon père qui prend une année : Joyeux anniversaire Papa.

92 miles depuis hier. Cela se passe de commentaires.

Il nous reste 910 miles à parcourir. C'est à la fois peu -cela correspond à la navigation de Panama aux Galapagos qui était passée très vite- et beaucoup -il reste près d'un tiers, au portant, au rythme d'une barque sur un lac, dans un silence inquiétant.

Je n'ai donc pas pu m'empêcher de faire des projections. J'ai rejeté d'emblée les hypothèses ultra-pessimistes par souci de maintien du moral de l'équipage : vent encore moins fort (serait-ce possible?), vent contraire (de mémoire de marins, aurait on déjà vu cela dans la Pacifique?), cyclone (avec la chance qu'on a, la trajectoire aurait changé cette année), voie d'eau (dans une vraie gestion des risques, la panne serait à considérer).... Il reste ainsi deux options : si notre vitesse se maintient à 3 nœuds de moyenne, il nous faudra environ 13/14 jours ; si, par miracle, la vitesse de moyenne passe à 6 nœuds, il nous en faudra 6/7. C'est le vent qui décidera. Quelques cumulus dans le ciel... serait-ce un timide retour du vent ?

Ouhhh, une « pointe » à 4,2 nœuds !

Dimanche 9 et lundi 10 mars – Stratocumulus et cumulonimbus

Ont succédé aux cumulus, les cumulonimbus et les stratocumulus. Le vent revient doucement. Ces deux derniers jours 99 puis 125 miles. On ré-avance. Hier, au goûter, de nombreux dauphins, la première fois depuis longtemps qu'ils viennent si près du bateau de jour. On ne pêche toujours pas. Quelques prises mais le fil casse toujours trop tôt. On croise les doigts avec l'espoir d'arriver en fin de semaine... et on s'étonne de voir notre stock de nourriture toujours important malgré nos nombreuses popotes depuis le départ des Galapagos. A l'apéro : toasts de camembert (en boite – toujours les boites de bidasses) et vin rouge.

Lundi 11 mars – 20ème jour

Aujourd'hui c'est l'anniversaire de Guillaume, le frère de Wil : Joyeux anniversaire Guigui.

127 miles depuis hier et on progresse actuellement à une moyenne de six nœuds. Enfin on s'imagine l'arrivée. Côté matériel, la situation s'empire. La dernière, aucune de nos deux batteries de servitude ne tiennent la charge. Encore un truc de pété. Enfin, on relativise : notre bon vieux Cachalot ne vaudra plus un clou une fois arrivé aux Marquises (et il n'ira sans doute pas beaucoup plus loin !) mais il aura une belle île, celle d'Hiva Oa, choisie également par Gauguin et Brel, pour sa retraite.

Mardi 12 et Mercredi 13 mars – Onde cyclonique

137 miles avant-hier et 142 miles hier. On progressait bien et espérions une arrivée samedi. Néanmoins, nous venons de réévaluer nos ambitions. Pas d'arrivée possible avant dimanche. On attendra encore pour marcher sur nos deux pattes.

A chaque passation de quart, à 3H du matin, Wil me fait des transmissions : « il y avait des bateaux, mais là c'est bon », « le vent mollit », « notre trajectoire est plutôt Nord.... ». Et chaque fois, quinze minutes après, trois cargos me foncent dessus, le vent forcit, on va trop au Sud. Ce matin, lorsque Wil m'a dit « il y a des éclairs de chaleur dans le ciel mais tout se calme », j'aurais du me méfier. Nous avons essuyer le plus gros temps depuis notre départ de Martinique.

Nous étions toujours vent arrière au 260° en ciseau et le vent nous poussait à environ 6,5 nœuds sous un ciel dense, lorsque les éclairs ont commencé à faire clignoter littéralement le ciel au Nord, au Sud, à L'Est et à l'Ouest. Ambiance boite de nuit si ce n'est qu'il n'y avait pas un bruit, hormis celui de l'eau sur la coque et des craquements du bateau. Puis, ces éclairs ont formé des dômes lumineux à l'horizon qui s’aplatissaient tels des champignons atomiques et des puits de lumières à la perpendiculaire des nuages tel une descente d'extra-terrestres. Et, non je ne suis pas devenue folle. La mer est devenue mauvaise. La lune étant couchée, on ne voyait les vagues déferler que par bribes. Je n’aurais jamais imaginé que le ciel pouvait être aussi chargé en électricité.

Dès le lever du soleil, changement d'ambiance. A peine les premiers rayons, le vent a chuté. La mer était redevenue calme. La houle avait quasiment disparu. Puis, le bateau s'est quasiment immobilisé. Le pont témoignait des dernières heures : il était jonché de plusieurs dizaines de poissons volants. Certains d'entre aux ont même fini dans le carré.

Un peu plus tard, bref regard sur le GPS (un truc qui marche au moins) : vitesse de 2 nœuds en direction du 90°. On faisait machine arrière direction les Galapagos, les Marquises dans notre dos.

Fallait bien ce rendre à l'évidence, on était dans l’œil de la dépression cyclonique. On venait de passer uniquement la moitié du mauvais temps. Nous avons eu le temps de reprendre notre trajectoire juste avant que le ciel ne se fâche à nouveaux. Ce coup-ci, éclairs et tonnerre. Point à 10,9 nœuds. Depuis, on avance au près, tourmentin à l'avant, trois ris dans la GV.

Petit « cyclone » et vent inverse à celui de l'alizé. Et, oui contrairement à ce que j'écrivais le 8 mars, c'était possible !

Vendredi 14 et Samedi 15 mars – Dernière ligne droite

Ces deux derniers jours, la météo s'est calmée. Wil a vu des cétacés de 4,5m, la moitié du bateau. Peut-être des orques.

Nous avons correctement avancé : 91 et 123 miles. Si bien avancé que nous sommes déjà depuis quelques temps dans les eaux territoriales. Nous redoutons de devoir capeyer dans la nuit pour n'arriver que demain au petit matin. En attendant, route directe à 6,5 nœuds au 266°.

Hier langue sauce madère et purée, ce soir fajitas maison... on vide la cambuse.

J-1 avant l'arrivée. Demain, on débouche le champagne californien offert par Cathy ! J'espère qu'on pourra marcher... car le Docteur du bord nous a diagnostiqué une amyotrophie des membres inférieures (= on a plus de muscles). Il est vraiment petit ce bateau !

Dimanche 16 mars – 25ème jour, jour d'arrivée

On y est ! Hier, nous avons du capayer. Le bateau mis au travers dérivait à 2 nœuds en moyenne au 300°. Vers 1H30, le Capitaine a été pris en flagrant délit de ronflement durant son quart ! A 3H30, au changement de quart, le bateau a repris sa route vers Hiva Oa. Poussé par la houle et le vent, nous y sommes arrivés assez vite. Wil s'est réveillé tranquillement à 9H face un un paysage imposant. Qu'est ce qu'on peut bien dormir sur ce rafiot. Bouffée de senteurs : à l'entrée du port, on sent une odeur de fleur assez différente de l'odeur qui règne à bord. Et puis, on jette l'ancre. 25 jours, 1 heure et 54 minutes après notre départ des Galapagos, nous venons de finaliser la traversée. 3066 miles à une vitesse moyenne de 5,09 nœuds. On peut sabrer le champagne. On se rend compte que la drisse de grand voile ne tenait plus qu'à un fil. C'était moins une. Quelques minutes passent et nos voisins, David et Bella, viennent nous offrir des bananes... Retour à la civilisation.

Lundi 17 mars – Découverte d'Hiva Oa

On s'est réveillé tard ce matin... Objectif : envoyer des nouvelles. Sauf qu'Hiva Oa c'est un peu Papaichton ou Saul en Guyane : il y a vraiment pas grand chose. Après une arrivée au ponton compliquée (J'ai failli tomber dans les pommes en sortant de l'annexe ; on est dans un sale état depuis la traversée, un problème de 'vasoplégie' selon Wil), on cherche un accès wifi. 20 minutes plus loin, le village d'Atuona. Pour Internet, le seul accès : la Poste qui ferme à 15H... 20 euros la carte d'accès (3300 Francs locaux) et pas moyen de se connecter. « Des fois, ça marche pas ». Après trois tentatives, on parvient à avoir un accès. II est alors 14H55 ! Et, aux Marquises, comme partout en France, la Poste ferme à l'heure. On décide donc de se balader et d'aller au cimetière voir les tombes de Brel et Gauguin. La montée vers le cimetière est terrible. Nous n'avons ni l'un ni l'autre d'énergie. On marche comme des petits vieux. On y trouvera celle de Brel, pas celle de Gauguin. Deux hypothèses : soit on ne voit plus clair non plus ce qui témoignerait vraiment de notre état de fatigue actuel ; soit il a été déterré parce que sa concession arrivait à échéance. Enfin, on enquêtera sur le mystère un autre jours. On cherche à acheter de quoi manger. Pas grand chose. Pas de légumes, pas de fruits, pas de marché. Il faut demander aux gens. La tenancière de la station essence -qui d'ailleurs est en rupture de stock sur ses carburants- finira pas motiver une de ses copines à vendre des fruits. Ce sera pour demain. On rentre au bateau. On se fait prendre en stop. Notre annexe n'a pas explosée contre le ponton. L'ancre elle est bloquée au fond. Wil doit plonger. Enfin, on se douche (car il y a un point d'eau près du ponton). On a mal partout. On est crevé. Et pourtant, on a pas fait grand chose. Sinon Hiva Oa, c'est joli mais il pleut.

Enfin aux Marquises !
Enfin aux Marquises !
Enfin aux Marquises !
Enfin aux Marquises !
Enfin aux Marquises !
Enfin aux Marquises !
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A
Incroyable et tellement courageux votre aventure !! <br /> J'étais en train de lire Ocean's song de Kersauson et je retrouve tant de similitude sur la complexité et la patience du voyage en mer ! D'autant je vous admire.<br /> Joyeux 30 ans ma chère Virginie ! Et récupérez bien !
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E
Mais a quoi ça sert de retourner des oeufs?
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J
Bravo à tous les deux. Vous avez emmagasiné quantités de souvenir pour vos longues soirées d'hiver à venir, sur la terre ferme. Gros bisous. Jean-Paul
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V
Bravo!!!!!!!Profitez de ces magnifiques paysages pour vous retaper,bisous,val et alex
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